« Luther, ou la Réforme en dix rounds » a pour objet la rencontre fictive entre Martin Luther et le vendeur d’indulgences Johan Tetzel à Wittenberg la veille de la Toussaint 1517, le jour où Luther est censé avoir affiché les 95 propositions contre les indulgences qui sont à l’origine de la Réforme. Étant venu voir officier Tetzel qui donne quelques échantillons de son talent, il engage le dialogue avec lui, lui reprochant cet « infâme commerce des âmes ». Tetzel lui réplique non sans bienveillance, défendant la position du pape que Luther attaque de manière assez virulente.
Au cours de l’entretien, Luther lui raconte les années passées au couvent, son désespoir face à la « justice de Dieu », puis lui révèle les principes de sa doctrine de la grâce : l’homme n’a pas besoin d’accomplir des œuvres méritoires, il est incapable de travailler à son salut. Il lui suffit de croire qu’il fait partie des heureux élus pour être sauvé. Tetzel trouve cette doctrine absurde et contraire à la raison, car elle suppose un Dieu capricieux, sauvant ou damnant les hommes à volonté sans souci de leur état juste ou pécheur. Les hommes, objecte-t-il, ont besoin d’être guidés par une autorité qui prend en charge leur liberté qui est trop lourde à porter. Il suffit d’obéir à l’Église en se pliant à ses commandements pour être sauvé. À la fin, d’autres thèmes sont abordés : le célibat, l’hérésie et l’Inquisition espagnole, la traduction de la Bible entreprise par Luther, l’infaillibilité de l’Église en matière d’exégèse, le sacerdoce universel.
La pièce ne prend pas parti dans la dispute, elle s’efforce de tenir la balance égale entre Luther et Tetzel, entre le futur réformateur et un représentant de l’Église catholique.