Eric Chartier nous plonge dans l'histoire d'Emma, mariée à un médecin ennuyeux. Elle cherche à sublimer sa vie dans l’amour. Cet idéal, puisé dans les romans de chevalerie, transposé dans la triste réalité de la vie provinciale sera un échec complet. L’absurdité d’un tel décalage ne pouvait produire que de la dérision et du comique.
Emma, après une grave dépression, se rend à l’Opéra de Rouen accompagnée de son mari. Nous sommes en été. On y donne Lucia de Lammermoor, d’après Walter Scott. Un chanteur extraordinaire, dit-on, s'y produit. (description du grotesque et du ridicule de la soirée). Emma est en pleine effervescence. C’est à l’entracte qu’elle rencontre Léon, un jeune homme avec lequel elle a eu une idylle platonique qu’elle a d'ailleurs bien vite oublié pour devenir la maîtresse du châtelain du pays, Rodolphe. Ce dernier, tout jeune homme à l’époque , n’avait osé pousser l’aventure, mais à présent que le voici majeur, Léon habilement va s’arranger pour retrouver Emma seule, le lendemain, avec d’ailleurs l'acquiescement du nigaud de mari. Charles Bovary n’a pas même assez d’imagination pour présumer qu’il y avait là un danger de cocuage.
Léon et Emma se retrouvent donc l’un face à l’autre, et nous assistons là à une sorte de ballet de la séduction, de plus en plus ridicule à mesure que l’affaire se dessine. Sur le point de céder, Emma parvient cependant à ce que Léon accepte de passer à l’acte de manière plus conforme à la bien séance. Un second rendez-vous est donc pris le lendemain dans la cathédrale de Rouen.
Le grotesque atteint alors son apogée et Flaubert ne respecte rien. Un Suisse, tente à tout prix de faire visiter la cathédrale au couple qui commence à s’échauffer, malgré les pudeurs d’Emma, prise entre désir et morale. Le couple, entraîné malgré lui dans ce parcours culturel, s’échappe enfin de l’église, Léon envoie chercher un fiacre qui se fait attendre. La situation est critique, Léon est au paroxysme de son envie, Emma minaude, le suisse tente alors une dernière chance en leur vantant les mérites du portail du Nord et ses « Damnés dans les flammes d’enfer » ! Le fiacre est enfin là, Léon pousse Emma dans la voiture. A travers l’énoncé interminable des rues empruntées, nous assistons au débridé érotique et déambulatoire de se qui se passe à l’intérieur de la machine folle, jusqu’à la représentation allégorique d’un bouquet final jubilatoire.